Les années 2022 et 2023 ont été marquées par une forte inflation. Si la Suisse est parvenue à limiter les dégâts par rapport aux envolées qu’ont connues nos voisins européens, elle a malgré tout enregistré des hausses moyennes de 2.8% en 2022 et de 2.1% en 2023, soit un total de 4.9% sur les deux dernières années. Pour relativiser, sur la même période, les trois principaux pays limitrophes ont subi une inflation de 10.1% (France), 12.8% (Allemagne) ou encore 13.8% (Italie). Pour les entreprises et les entrepreneurs, l’inflation est bien souvent synonyme de triple peine. Ils voient en effet augmenter les factures de leurs fournisseurs ainsi que l’ensemble de leurs frais généraux, mais ils doivent en même temps assumer et garantir les prix fixés dans leurs offres plusieurs mois auparavant – voire davantage – alors que l’inflation ne sévissait pas encore (autant). Finalement, ils doivent aussi répondre aux revendications syndicales, qui demandent notamment une pleine compensation de l’inflation sur les salaires réels agrémentée de revalorisations complémentaires, parfois fantaisistes.
Malgré cette équation kafkaïenne, toutes les associations connaissant des conventions collectives de travail sont parvenues à un accord l’an dernier. Il est à souligner la grande conscience sociale du patronat valaisan. Nos PME sont bien souvent des entreprises familiales et les entrepreneurs souhaitent offrir à leurs collaborateurs des conditions de travail aussi confortables et souples que possible, tout en s’adaptant aux besoins spécifiques de chacun, ceci notamment afin de les fidéliser et de garantir une saine stabilité aux PME. Bien souvent, les entreprises familiales constituent le premier « filet social » de notre société et il n’est pas rare de voir des entrepreneurs aider certains de leurs collaborateurs empêtrés dans des complications d’ordre privé. Ces éléments permettent de nuancer la caricature d’un patronat pingre et rétif à augmenter les rémunérations de ses collaborateurs. Tel n’est pas le cas : les entrepreneurs doivent simplement veiller à assurer un équilibre pérenne pour leurs PME et les salaires constituent un facteur parmi tant d’autres.
C’est dans cet état d’esprit qu’EIT.valais a augmenté les salaires réels de 2.2% tout en rehaussant certains salaires minima. De son côté, Metaltec Valais/Wallis a reconduit sa CCT jusqu’au 31.05.2025 en octroyant à tous les collaborateurs une hausse de 2%. Dans la même ligne, tec-bat a reconduit son texte jusqu’au 31.05.2025 en octroyant une augmentation de CHF 100.-/mois à tous les collaborateurs et en rehaussant tous les salaires minima de CHF 0.50/heure. L’AVCC a procédé de la même manière, avec une augmentation des salaires réels de CHF 100.-/mois et une hausse des salaires minima de CHF 0.50/heure. L’AVMR connaît quant à elle un régime particulier, puisque sa CCT prévoit que les salaires minimaux et réels sont indexés lors de l’augmentation des tarifs de l’Association des établissements cantonaux d’assurance incendie (AEAI). Enfin, sur le front des conventions cantonales, JardinSuisse Valais a augmenté ses salaires réels de 1.3% tout en abaissant le temps de travail hebdomadaire d’une demi-heure, soit une revalorisation « cachée » de 1.1%, portant la hausse des salaires réels totale à 2.4%.
Du côté de la CCT-SOR que connaissent l’AVEMECS, l’AVMPP et SolValais/BodenWallis, les partenaires sociaux sont parvenus à un accord pour un renouvellement d’une durée de quatre ans. En plus d’une revalorisation de tous les salaires minima, les collaborateurs ont bénéficié d’une hausse des salaires réels de 2.4% en 2024. Finalement, l’AVEN et les partenaires de la CCT du secteur du nettoyage pour la Suisse romande ont également revalorisé tous les salaires minima de la branche.
Il n’est pas inutile de rappeler que les conventions collectives de travail se contentent de fixer des salaires minima et que les augmentations conventionnelles négociées chaque année ne fixent également que des hausses minimales, qui s’appliquent à tous les collaborateurs, du meilleur au moins performant. Très souvent et selon le sérieux, la fidélité et l’investissement des collaborateurs, les salaires réels sont bien plus élevés, de même que les augmentations annuelles octroyées.