Si les années 2022 et 2023 ont été marquées par une forte inflation en Suisse (2.8% en 2022 et de 2.1% en 2023), celle-ci a reculé durant l’année 2024 pour atteindre un taux moyen de 1.1%, soit un total de 6% sur les trois dernières années. Pour relativiser, sur la même période et selon la Banque Mondiale, les trois principaux pays limitrophes ont subi une inflation de 12.1% (France), 14.8% (Italie) ou encore 15.1% (Allemagne). Pour les entreprises et les entrepreneurs, l’inflation est bien souvent synonyme de peines multiples. Ils voient en effet augmenter leurs coûts – notamment les factures des fournisseurs ainsi que l’ensemble des frais généraux – mais s’éroder leurs marges, en devant assumer et garantir des prix fixés dans leurs offres plusieurs mois auparavant – voire davantage – alors que l’inflation ne sévissait pas encore (autant). D’autres éléments peuvent se conjuguer pour compliquer encore les choses, tels que l’incertitude générale, la réduction de la demande, la volatilité des taux d’intérêt, les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement, etc. Finalement, les entrepreneurs doivent aussi répondre aux revendications syndicales, qui – faisant fi de ces difficultés – exigent une pleine compensation de l’inflation sur les salaires réels agrémentée de revalorisations complémentaires, parfois fantaisistes.
Malgré cette équation kafkaïenne, toutes les associations connaissant des conventions collectives de travail sont parvenues à un accord l’an dernier. Il est à souligner la grande conscience sociale du patronat valaisan. Nos PME sont bien souvent des entreprises familiales et les entrepreneurs souhaitent offrir à leurs collaborateurs des conditions de travail aussi confortables et souples que possible, tout en s’adaptant aux besoins spécifiques de chacun, notamment pour les fidéliser et garantir une saine stabilité aux PME. Bien souvent, les entreprises familiales constituent le premier « filet social » de notre société et il n’est pas rare de voir des entrepreneurs aider certains de leurs collaborateurs empêtrés dans des complications d’ordre privé. Ces éléments permettent de nuancer la caricature d’un patronat pingre et rétif à augmenter les rémunérations de leurs collaborateurs. Tel n’est pas le cas : les entrepreneurs doivent simplement veiller à assurer un équilibre pérenne pour leurs PME et les salaires constituent un facteur parmi d’autres.
C’est dans cet état d’esprit qu’EIT.valais a augmenté les salaires réels de 1.2%. De son côté, JardinSuisse Valais a rehaussé les salaires réels de 0.5% tout en abaissant le temps de travail hebdomadaire d’une demi-heure, soit une revalorisation « cachée » de 1.1%, portant l’augmentation des salaires réels totale à 1.6%. Quant à Metaltec Valais/Wallis, l’association a renouvelé sa CCT jusqu’au 31.05.2030 en rehaussant tous les salaires minima des collaborateurs qualifiés et en octroyant à tous les employés une hausse de 1.5% sur les salaires réels. En parallèle, Metaltec Valais/Wallis a revalorisé les conditions de travail offertes à ses collaborateurs en augmentant les indemnités pour les repas ainsi que le droit aux vacances pour les collaborateurs dès l’année des 55 ans, ou encore en intégrant les apprentis à la CCT. Après un travail de longue haleine, tec-bat et l’AVCC ont cosigné une nouvelle convention collective de travail commune, celle des métiers de la technique du bâtiment (CCT-MTB), qui est désormais en vigueur jusqu’au 31.05.2030. Une revalorisation de tous les salaires réels de 75.00 CHF/mois a été accordée, de même qu’une belle et progressive augmentation du droit aux vacances pour les travailleurs dès 51 ans, ceci sur toute la durée de la convention, ou encore une intégration des apprentis à la CCT. L’AVMR connaît quant à elle un régime particulier, puisque sa CCT prévoit que les salaires minimaux et réels sont indexés lors de l’augmentation des tarifs de l’Association des établissements cantonaux d’assurance incendie (AEAI).
Sur le plan romand et national, il est à relever que pour la CCT-SOR que connaissent l’AVEMECS, l’AVMPP et SolValais ≡ BodenWallis, les collaborateurs ont bénéficié d’une hausse des salaires réels de 106.60 CHF/mois en 2025. Du côté de l’AVEN et des partenaires de la CCT du secteur du nettoyage pour la Suisse romande, on a également revalorisé tous les salaires minima de la branche. Finalement, les scieurs membres de l’Industrie du Bois Suisse ont rehaussé tous les salaires minima de 1% et augmenté les salaires réels de 50.00 CHF/mois.
Il n’est pas inutile de rappeler que les conventions collectives de travail se contentent de fixer des salaires minima et que les augmentations conventionnelles négociées chaque année ne déterminent également que des hausses minimales, qui s’appliquent à tous les collaborateurs, du meilleur au moins performant. Très souvent et selon le sérieux, la fidélité et l’investissement des collaborateurs, les salaires réels sont bien plus élevés, de même que les augmentations annuelles octroyées. Relevons encore qu’il n’est pas pertinent de comparer les hausses accordées dans les différentes conventions collectives de travail sans les mettre dans une perspective historique. En effet, une CCT qui accorde une réévaluation plus modeste une année peut avoir consenti à de larges revalorisations les années précédentes, l’inverse étant également possible.